Curieusement, nous avancions dans le même sens
Devant moi, dos droits, dos ronds, tous progressaient
Avec hâte sur ce chemin de lenteur
C’était l’heure de la promenade
Des chiens, des enfants, des vélos, des cannes
Des fauteuils roulants glissaient sous les arbres
5 soldats, modernes croisés
Harnachés comme des maîtres-chiens
Le treillis orgueilleux, l’arme sur l’épaule
Riaient de leur jeunesse
Ce fut plus fort que moi, j’avançai en ballerine,
Je pris la tangente, la poudre d’escampette,
Zigzaguai entre les lignes, débordai sur les flancs
Et filai aussi vite que le soleil d’hiver
Qui déjà déposait sur moi ses gerbes lasses
Je fus rapidement près d’un tronc vénérable
Large et desquamé, portant sa tête nue
Et ses bras courageux excavés jusqu’à l’os
Je l’étreignis furieusement et puis
Avec douceur, abandon et mollesse
Mes doigts caressant ses habits usés
La ville me reprit, je courus de nouveau
Sans rien voir ni sentir que mon sang
Mes rotules, mes chevilles, le froid, le vent
Une feuille, un caillou au creux du poing
