Une feuille, un caillou

Curieusement, nous avancions dans le même sens

Devant moi, dos droits, dos ronds, tous progressaient

Avec hâte sur ce chemin de lenteur

C’était l’heure de la promenade

Des chiens, des enfants, des vélos, des cannes

Des fauteuils roulants glissaient sous les arbres

5 soldats, modernes croisés

Harnachés comme des maîtres-chiens

Le treillis orgueilleux, l’arme sur l’épaule

Riaient de leur jeunesse

Ce fut plus fort que moi, j’avançai en ballerine,

Je pris la tangente, la poudre d’escampette,

Zigzaguai entre les lignes, débordai sur les flancs

Et filai aussi vite que le soleil d’hiver

Qui déjà déposait sur moi ses gerbes lasses

Je fus rapidement près d’un tronc vénérable

Large et desquamé, portant sa tête nue

Et ses bras courageux excavés jusqu’à l’os

Je l’étreignis furieusement et puis

Avec douceur, abandon et mollesse

Mes doigts caressant ses habits usés

La ville me reprit, je courus de nouveau

Sans rien voir ni sentir que mon sang

Mes rotules, mes chevilles, le froid, le vent

Une feuille, un caillou au creux du poing

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
Cet article a été publié dans Les poésies de Colette. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.