Je voulais lui parler, je souhaitais lui écrire
Avec vivacité, célérité et compulsion
C’était urgent, dans mes artères montait une pression
Irrégulière et colérique, un tambour martelait ma poitrine
Une cruelle sudation envahissait mes tempes et mon dos
Les transports étaient clos, l’heure bien trop tardive
Dans le vide mon téléphone hululait sinistrement
Les trottoirs étaient vides, deux fumeurs de haschich
Exhalaient leur peine sur un banc
J’allumai mon ordinateur d’une main fébrile
J’ouvris Word, je laissai sur le clavier
Mes ongles maladroits se casser sur les touches
J’écrivis, j’écrivis, des centaines de mots
Cinglés de points-virgules et puis d’exclamation
J’apostrophai, j’éructai durant de longs instants
À défaut de parole, écrire est rassurant
Et puis d’un geste ultime, vainqueur et décidé
J’appuyai sur la touche pour tout lui envoyer
Mais seule me répondit jubilante, implacable
La phrase tant exécrée, machine misérable :
« Avant de cliquer sur publier,
Veuillez rafraîchir vos connexions »
« Avant de cliquer sur publier,
Veuillez rafraîchir vos connexions »
« Avant de cliquer sur publier,
Veuillez rafraîchir vos connexions » !