Train de nuit
Je n’ai jamais su saisir l’instant
Où la nuit tombe
Même guettant,
Le front contre la vitre
Alors même que j’attends,
Muette et immobile
L’instant ultime
La seconde où le jour
Fléchit, s’alarme et fuit
Tout m’échappe
Mon œil ne saisit
Qu’un vol d’effraie blanche
Le paysage blême
Ouaté et flétri
Se tait soudainement
Pas un vent, pas un bruit
Et puis, la nuit est là
Couchée de tout son long
Dans le train qui file
Vers le Sud mais sans joie
De grands yeux jaunes et verts
Surveillent les voyageurs
L’un a repris sa veste
L’autre se réveille enfin
C’est l’heure où chaque voyageur
Sait que quelque chose a changé
Et mon front impuissant
Reste longtemps buté
Il fait si noir