La promesse des vents
Je n’ai rien pu contre l’ambition des hommes
Être quelqu’un, même une minute, même une seconde
Dans une seule parole, être enfin une personne
Prendre une brave revanche contre la destinée
C’est plus fort que tout, c’est au-delà de ma volonté
A moi, il sied que des instants fugaces revêtent
Des habits clinquants dans le couchant du soir
Qu’un goût fulgure sur ma langue
Qu’une folie détourne mes pas du chemin
Je suis insane, il est vrai, folâtre et incongrue
Dans la rotation du temps, cette grande lessive
Qui vous rince et vous étrille 24 h sur 24 h
Hors du tambour je marche et je lambine
Je travaille à construire un moi frotté et propre
Comme un galet ancestral
Alors, je regarde courir des dos dont l’échine se tend
Le dos d’un homme est émouvant
Plus ils courent et plus je tends
Mon col d’oiseau de passage
À la promesse des vents