Nous marchions, rincés par le déluge
Sur des bas-côtés glougloutant de pluie
Ainsi désaltérée la terre ameublie
Absorbait nos semelles et taisait nos pas
La chevelure trempée des champs
Révélait des sillons et des fleurs meurtries
Des maisons silencieuses et des toits anciens
Regardaient nos dos portant fièrement leurs sacs
L’orage nous zébra, nous cingla et nous rîmes
Tellement mouillés qu’à la fin
Nous fûmes des tritons exilés de leurs mares
Mais voici qu’un grand pont tendit bien haut son arc
Et le noble front de son arche ornée
Le ciel bien essoré sur nos épaules basses
Ouvrit pour nous les places et les chemins pavés