Dans les rues, je l’ai dit, quand l’été se promène
Et qu’une chaleur moite arde ses durs rayons
Les pas que je croise ne sont plus les mêmes
Ni les visages fermés ni les ombres aux balcons
L’été, la ville lourde expulse de son grand corps
Les travailleurs zélés qui courent aux calanques
Ceux qui vont chercher au Sud dans la Provence
La caresse des flots et le sable somptueux
Nous sommes donc ici les forçats du silence
Les restes oubliés de l’année qui finit
Des femmes accablées dont les enfants déchantent
Des hommes esseulés chantent de mon pays
Un air qui n’est pas doux à ma chère République
Nous sommes de la modernité un bien pauvre habit
Nulle colère ne m’aigrit mais c’est de l’injustice
Et des mœurs d’autrefois que mon cœur s’émeut
Je la voudrais plus riche, moi, cette République
Et que ces enfants nus d’espoir et de plaisir
Partent aussi s’amuser sous de bien autres cieux