Dans la rue Greuze, lorsque je sors de chez moi
Je passe lentement devant une femme
Dont le logis s’abrite sous une porte de garage
Relevée quand le soleil est là
Souvent elle parle dans son téléphone
Et j’ignore ce qu’elle dit
Sa voix ronde de calebasse
Son accent rocailleux et profond
Semblent dire une messe basse
Adressée à quelque dieu enfui
Un peu plus loin, des terrasses
Flambant neuves, fraîchement arborées
Ont remplacé des logements ouvriers
Hardiment la fangeuse crasse
Dans la rue Greuze quand le silence efface
Le babil et le turban, sous la porte relevée
La femme assise reste en place
Ses deux mains bien à plat sur ses larges genoux
Donnant de notre siècle un bien curieux portrait