Mes yeux sont couleur d’une graine
Issue d’un beau fruit déhiscent
J’aurais aimé porter des plaines
Et des forêts empanachées
Et même de petits matins blêmes
Dans mes prunelles fatiguées
La couleur de la terre au soleil
La flaque d’eau où boit l’oiseau
La mousse qui ne perd pas le nord
La glace bleue et le verjus
L’un est plus grand, l’autre s’entraîne
À briller même quand vient le temps
D’un peu de brume, d’un peu de peine
Mes yeux sont couleur d’une graine
Que mes mains caressent en marchant
Puisque l’automne les étrenne
Dans mes poches de garnement
