J’avais des souliers rouges et j’attendais
sur un trottoir lyonnais dans une rue obscure
sous la lune à minuit l’heure des métamorphoses
Je guettais dans les ombres des griffes à ma main
des épaules massives, un cou de taurillon
des flammes à mes cheveux et un rire sardonique
J’attendais de grandir et de hurler aux loups
la tête renversée vers le lent crépuscule
J’attendais et ne vint qu’un maigre matou
efflanqué et pelé avec un poil rêche
qui à mes mollets durs frotta ses osselets
et poussa vainement un tout petit miaou
C’est ainsi qu’à vouloir être autre que soi
se couvrir de courroux se draper d’importance
et venger de certains le vaniteux arroi
on trouve reflétées de piètres espérances
Depuis, toujours chaussée et dodue et amène
les mains campées aux hanches et le mollet vainqueur
à midi, à minuit, je danse librement
le chat sur mes talons sous le ciel d’argent