J’ai très peu voyagé
je n’ai pas dans mes malles
l’odeur des grands pins
ou du sable brûlé
ni les pierres des chemins
À peine quelques herbes
et des lieux secrets
quelques avions parfois
et des cars oubliés
La campagne à midi
quand le soleil dévore
des toits épouvantés
d’ancestrale fatigue
la morsure des orties
au creux d’une forêt
les heures immobiles
à regarder le ciel
je porte sans regret
cachés sous mes paupières
quelques arbres totems
et des flancs de colline
et ce monde inventé
où parfois je m’en vais
Tout ce que l’esprit crée
et peint à touches libres
est un grand horizon
sans barrières ni rives