Le ciel est tourmenté, un vieillard sénile
qui brasse des nuages et zézaie des caprices
Sous ma porte un filet de vent serpente un peu
il est l’heure de regarder pousser le temps
et je n’ai rien fait d’autre que d’inventer au mieux
un monde fraternel et des amis heureux
Autour d’une table, à l’heure où la campagne
veille sur des ceps dormants et des arbres frileux
j’ai écouté la voix de ceux qui disent tant
et tant savent de la vie les chemins tortueux
et j’ai aimé des mains le veinage cordé
et j’ai aimé des âmes l’exception du silence
Tout à l’heure quand j’aurai assez travaillé
peut-être sous la pluie, peut-être en chantant
les deux bras cadençant ma marche militaire
j’irai défier le ciel et prendre le printemps
qui pointe au bout des branches
bien qu’on ne le voie guère