Le dimanche est un jour de vide-rues
Sur les trottoirs où nul enfant ne joue
ne partage la joie du dehors
ne donne aux arbres son cœur et ses secrets
moi seule je cours, je saute, je connais du bitume
les genoux écorchés, le ballon qui s’échappe
la peur de l’inconnu et l’ombre du soir tombant
Je tends mon cou de girafe à la lumière
Je cherche les ondes, je fais ma cérébrosynthèse
Je nettoie mes neurones un à un
Je trotte juste au milieu de la route
sans licol ni fers ni rien
Je me retourne, je change d’axe
La ville est effrayante quand tout se tait ainsi
dans un grand vide qu’égaie parfois
voltigeant nonchalamment depuis une fenêtre
un vague air de Chopin
Dans la ville où le printemps a levé
pour moi seule ses arbres empanachés de rose
et de blanche aubépine dans des buissons taillés
avec ma seule ombre je marche
jusqu’à ce que la fatigue me ploie
et que la nuit mange mon col