Elle n’est pas méchante
mais c’est une femme qui s’ennuie
s’ennuie, surtout les dimanches
et se dit que jamais plus elle n’ira
danser sur le pont des matins
Alors elle se regarde dans le miroir d’oubli
elle ferme la fenêtre et se réfugie
dans un monde où elle crie
Je la connais et je la vois
elle passe plus souvent qu’à son tour
ici au détour d’un mot âpre
qui sent le bois mort et la cendre refroidie
J’ai tant envie de la saisir par le bras
de lui dire que je suis, moi, une femme naïve
qui chaque matin s’émerveille de voir
sur une tige mince un bourgeon s’épanouir
Je souris à demain, comment pourrait-il
être pire que le manque d’espoir ?
Je suis pauvre de tout, et souvent on m’oublie
mais le crayon que je tiens dans ma main est d’or
puisque dans le grand ciel il allume des sorts
et qu’y brillent mes refus du néant
Femme, tu ne sais rien de ce qui t’attend
pourvu que tu le souhaites