Parfois, on me prend pour une touriste et ce n’est pas faux. Ma mémoire refuse d’enregistrer les endroits où je passe, comme si elle refusait de s’habituer. Hier, des touristes danois, anglais et japonais affluaient vers la fresque des Lyonnais et jetaient un petit regard de connivence sur le reflex accroché à mon cou et c’était amusant. Et puis, au-delà des Subsistances, j’ai croisé un homme, mais un homme.. et un petit animal. Alors, je me suis assise n’importe où et un petit texte a surgi, le voici :
Il y avait un petit homme
à la moustache adolfienne
qui tenait contre lui un palmier
Un palmier grand et droit
comme un sceptre de reine
et sous le gai soleil
tête nue, il avançait
Un pigeon le suivait
et sa grasse prestance
soulignait encore mieux
cette scène incongrue
Qui, de l’oiseau ou de l’homme
marchant au pas de l’oie
savait en cet instant
la finalité de ses actes ?
L‘homme à tête d’Ibère
et la brosse de jais
qui soulignait ses lèvres
me semblaient sans attrait
Je crois que le pigeon
le sut bien avant moi
qui d’un bien lourd envol
nous laissa tous deux là
Alors, je m’aperçus
que sur mon cœur une feuille
bien plus morte que vive
palpitait doucement
et aussi une plume
petite et délicate
que le vent indocile,
bien vite, emporta
