Estivalière

J’ai dormi, spartiate, sur un grand tapis bleu

avec le visage de la nuit penché sur moi

J’avais pour me couvrir un peu d’herbe et de mousse

et le grand abandon qu’autorise le noir

Jamais je n’ai aimé l’été et ses tenailles

de grande ardeur faucheuse de tous les vouloirs

ni les plages obturées de chair brûlante

ni les sites abîmés d’une humaine présence

Je suis la sauvage que la nuit vient cueillir

quand tout dort

Je suis la sauvage qui part à l’aube

découvrir les rues oubliées

où des rideaux pudiques abritent leur abandon

Pourtant je partirai, à mon tour

et j’ôterai un à un mes habits de sérieux

d’austère gravité et d’application féroce

pour gambader dans un champ avec des jambes

de petite fille

Et puis, quand reviendront le joug et les heures

mangées de travail

je me dirai comme toujours

Qu’as-tu fait de cette vie ?

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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