Un monde dur nous est advenu
et nous ne demandons rien
Rien d’autre qu’un grand calme
et un bandeau sur nos yeux
Je marche au milieu de gens
dont le regard s’émeut d’exil
d’attente, de besoin, d’abandon
Je marche au milieu de gens
qui demandent qu’on les touche
et qu’on cueille ce qui leur reste de cœur
Je marche au milieu de gens qui ont peur
Et moi-même je les oublie
car ce qui en nous est humain
profondément encodé, radicellé,
peine à grandir au milieu de tant de bruit
J’aimerais m’assoir avec eux
être moins petite que ma pauvre raison
et que nous sachions inventer autre chose
Que dirai-je à l’enfant qui viendra
si je ne sais pas moi-même accueillir ?