Les grands travailleurs de l’ombre
aux doigts usés de tâches bleues
bâtissent de très petits mondes
comme des enfants industrieux
J’envie la passion qui les tient
sur leur métier chaque matin
et jusqu’à ce que la nuit tombe
dans un fracas de mots éteints
Je suis errante comme les ombres
dont le monde entier se repeint
de fragments de nues et de songes
et qui aiment à ne garder rien
Peut-être que le grand soleil
qui creuse mon cœur le matin
produit encore assez de miel
pour que je n’aie pas de chagrin
Car sans habits autres que toi
dont j’attends le nouveau refrain
je suis un animal qu’étreint
l’angoisse de la soif et de la faim
Alors avec trois brins de laine
quelques mots, de l’herbe et du bois
je construis chaque jour un toit
de futiles et douces merveilles
Et chaque nuit je te rejoins
dans ce doux pays ombreux
où tu prépares ton éveil
de ton mieux