J’aimais du verbe le bâton rompu
le flux que rien n’éteint
quand des êtres qui s’aiment
trouvent à converser
plus de feu et de joie
qu’à posséder l’or du silence
Aujourd’hui, je ne parle pas
Je cède le pas devant l’utilité
les obligations calendaires
la toute-puissance du progrès
qui rend nos doigts plus bavards
que nos voix
Ce n’est pas un monde pour moi
Alors le plus souvent je dialogue
avec mon corps tendu de danse
avec mon regard, avec mes mains
avec que je dessine et ce que je crois
Ce n’est pas difficile de se taire
car tout mon esprit parle
même quand je dors
et que mort ou vivant le monde s’élève
Je sais désormais la toute-puissance
de préférer être désirée
ou de me taire plus que jamais
pourvu que rien de médiocre ne perce
le puissant mystère de ce qui est tu