C’est une longue histoire
que celle de ce monde
et je n’en saisis que la trace
L’empreinte du mammifère
tremblant et courageux
qui arpente la terre
sur ses deux faibles jambes
et qui craint de la mort
le lourd balancier
C’est pourquoi je ne puis
détester de moi-même
ni des autres humains
ce qui pareillement
nous constitue
Aucun autre animal ne semble
à mon sens se craindre
lui-même plus que l’homme
depuis que sur la terre
il est apparu
Et moi qui suis naïve
et pleine d’espérance
je regarde du bon côté
La main qui me retient
La bouche qui se fait tendre
Le repas partagé, le livre lu ensemble
et les colliers de mots
pas si sots qu’on le croie
qui disent un peu d’amour
et le prix de la joie