Peut-être que dans cent ans
naîtront des hommes sans larynx
avec des mains à trente doigts
Plus de parole, nulle vocalise
mais des claviers greffés à même
la peau, au-dessus du nombril
et pourquoi pas sur l’océan chauve
de nos têtes, comme des trophées
Pas de silence, mais des cliquetis
qui feront du morse par en dessous
et enverront tout seuls des messages secrets
que nos cerveaux ne comprendront plus
Moi, si j’avais trente doigts
je te montrerais bien
les mille chemins par où s’enfuir
s’enfouir dans une masse d’air
entre 11 h 50 et midi
Mais de ma bouche, souche perdue,
ami, tu ne garderais plus
qu’une faible trace
À la fin, nos deux mains tenaces
toutes phalanges mélangées
mettraient un immense bazar
dans nos idées
(clic, clic, clic, clic… )