En regardant ton dos d’arbre courbé
tes bras de sureau fatigué, ta nuque de basalte
tes grandes mains, paumes rosées,
tes jambes d’attente inaccomplie
j’ai posé mon regard ailleurs
là où la mer porte ses fruits
sur de grands flots noirs et meurtris
là où le désert avance
Et moi, ma peau blafardant de soleil,
mouche tachée de sucre et de miel
vrombissant de mots incompris
que pouvais-je te dire de plus ?
Parfois, tu sais me vient l’envie
de ces villages empierrant
sous leurs souvenirs un pays
que je sentais si rassurant
loin de toute faim et misère
Parfois, j’ai l’âme si peu fière
car je ne comprends rien
Alors passant tout près de toi
de tes orbites flamboyantes
de ton regard sans brouillard
j’ai redressé mon dos et mes bras
je voulais pousser avec toi
la grande ardeur cuivreuse du ciel
qui pareillement nous brûlait
d’un seul soleil