Le couple auteur correcteur a toujours existé dans le monde de l’édition et fonctionne en complémentarité. Il ne s’agit donc pas d’un duel opposant un créateur arc-bouté sur l’originalité et le caractère précieux de son travail et d’un exécutant qui serait chargé de passer l’œuvre au rabot. Mais d’une alchimie assez complexe qui consiste à améliorer encore ce qui peut l’être, à éliminer les scories et à se placer du côté du lecteur qui devra recevoir l’œuvre in fine.
Qu’il s’agisse d’un travail professionnel ou d’une œuvre de fiction, le correcteur mettra donc en œuvre différents travaux qui toucheront à la fois au respect élémentaire des règles d’orthographe, de syntaxe, mais aussi de normes typographiques adaptées, si possible, au registre de l’ouvrage, et harmonisées. Surtout, il veillera à ne pas trahir le fond de l’ouvrage, qui reste le véhicule principal du message que l’auteur veut transmettre.
Tout ce qui peut optimiser la lecture, notamment en assurant une plus grande précision, mais aussi une fluidité, une rythmique, sera donc privilégié, ce qui peut inclure ici et là, une reformulation légère ou plus appuyée. Eviter les phrases interminables, les pléonasmes, les répétitions, l’irruption trop importante d’un jargon (sauf quand il est absolument nécessaire), sera donc privilégié. Pour ce faire, le correcteur tentera de s’approprier le mode de langage de l’auteur et de s’y glisser avec discrétion, l’idée étant qu’une reformulation se fonde dans l’ensemble avec douceur. Il ne s’agira donc pas de ramener un texte à des normes plus ou moins strictes (et toujours discutables) correspondant au référentiel propre au correcteur, mais d’enrichir ou au contraire, d’alléger souplement le fond.
Ce travail d’artisan, s’il vise le mieux, ne prétendra jamais à la perfection. D’abord parce que la langue est une matière vivante, fluctuante et qui subit aussi des modes et des disputes d’expert (placement de la virgule, néologismes). Ensuite, parce que le correcteur est un être humain, faillible et fatigable malgré tous ses efforts. Enfin, parce que la langue est aussi affaire d’interprétation et de nuances.
Pour toutes ces raisons, le couple formé par l’auteur et le correcteur fonctionne d’autant mieux, si la demande de départ est clairement formulée et si, ensuite, un dialogue se noue, qui servira de socle à la confiance sans laquelle rien ne peut se faire. Il ne s’agira donc pas pour l’auteur de tout cautionner, mais d’accepter de revoir sa copie et de discuter chaque fois que cela s’impose. Il reste que, quoi qu’il en soit, le droit d’imposer sa décision souveraine lui reviendra presque toujours !