C’est parce que je n’ai jamais oublié sa main
dans une chambre d’hôpital
enfermant mon poignet en vain
pour que le temps fige ses traces
que je chante, moi, oui, je chante
Pour ne pas encore la laisser
derrière cette porte refermée
et que je porte son regard
brillant de l’attente du matin
qui pourtant s’est couché bien loin
L’amour couronné de disgrâces
et ses genoux marqués de rouge
fatigué de tant se battre
est resté dans une maison
d’où moi j’ai retiré mon âme
pour qu’elle connaisse d’autres moissons
C’est un peu pour rire à sa place
pour être forte au moins pour deux
que je porte de place en place
ma joie et ma confiance en ceux
pour qui la souffrance est un mal
et la douceur un chemin pieux
C’est pour son regard espagnol
sa main jamais levée sur nous
ses pulls tissés contre la nuit
la colère dont je me suis guérie
que je chante, moi, oui je chante
de toute ma fougue et ma voix
que je chante, moi, oui, je chante
contre la mort, contre le froid
que je chante…
moi
oui
je chante …,