Temps perdu sans collier

Ils n’ont pas le temps. Occupés, assignés à résidence dans leur for intérieur, enchaînés à l’aiguillon de leur cœur qui bat pour d’autres, arrimés au compteur de billets de banque, une seconde de travail, 10 centimes d’euro, une seconde d’attention à l’autre, zéro, zéro !

Ils n’ont pas le temps et moi je le regarde du haut de mon corps qui change doucement, de la veine qui palpite entre mes deux seins, horizon bleuté d’émotion quand je suis en colère. Oui, je le suis, ma réserve barrage a sauté, dynamitée par l’indifférence, déversant des flots rouges qui embrasent les forêts juste à côté. Ca flambe ! Tu n‘as pas le temps et moi, moi, j’ai mis la nappe à moments fleuris, le couvert d’abondance et les bougies de fête, j’ai bloqué toutes les cases du calendrier, inconnue à cette adresse, pas de connexion, pas abonnée, j’ai tout pris, tout ce temps, ce fagot d’heures et de minutes pour donner ce que je ne sais pas dire, prendre l’autre, mes autres contre la chaleur de mon ventre, à l’abri de mon antre sous le toit de ma maison.

Tu n‘as pas le temps, je raccroche sans fil, sans intonation, c’est le  câble de ma voix qui se détache du port, c’est tout moi qui dérive sur ce rouge qui s’éteindra de froid parce que la colère, tu vois, ce n’est pas mon fort, mon fort à moi, c’était toi, c’était vous, embrassés à l’oubli du temps. Et moi ce temps, je l’ai.  Pour toi.

 

A propos Phédrienne

Je suis ce que j'écris, ce que je vis, et réciproquement, cela suffit sans doute à me connaître un peu :)
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