Ma forêt est de réverbères
leurs bras tordus gémissent au vent
comme de vieux chênes grinçants
Les feuilles de papier froissé
qui tapissent parfois mes allées
ne prennent pas au soleil
de teinte brûlée
Il y pousse quelques champignons rares
dont la tête est un vieux chapeau
une kippa, un bout de voile
flottant sans air de drapeau
ou des boucles ensommeillées
maillées d’argent ou bien crêpées
Ma faune marche sur deux pieds
et parfois, elle chancèle
Les oiseaux regardent passer
depuis les toits qui les hébergent
des fourmis bruyantes et pressées
des coléoptères cuivrés
bien gendarmés mais dont les ailes
font parfois bruit de tôle froissée
Ma forêt est de béton ciré
de verre de plastique résiné
l’eau y coule et même y ruisselle
et parfois un petit voilier
de papier blanc mal plié
cherche à travers des grilles sales
le chemin de la Méditerranée…